02 décembre 2005

soldes

Les soldes de Noël arrivent à La Havane, et c’est une première !
C’est une façon de parler, car Noël n’est pas vraiment fêté ici (interdit par le gouvernement de Fidel Castro en 1959, il a été redéclaré férié il y a quelques années, mais les Cubains ne le célèbrent pas réellement) , et l’on peut difficilement parler de soldes. En tout cas, pas de grandes guirlandes bariolées dans les vitrines…
En fait, dimanche dernier, le journal télévisé du soir a annoncé une baisse temporaire des prix de certains articles de première nécessité, dans les shoppy, les magasins en monnaie convertible (Cuc, équivalent à l’euro).
Par exemple, le litre d’huile de tournesol passe de 2,20 à 1,95 Cuc; le sachet de 200 g de lessive de 0,55 à 0,50 Cuc, la petite boite de thon de 1,80 à 1,40 Cuc, etc (en gros une baisse de 10% sur un petit éventail de produits, mais parfois jusqu’à 50% pour des fringues).
Ces magasins, qui appartiennent à l’Etat comme tous les magasins de l’île, sont ceux qui distribuent la majorité des biens de consommation courante, tandis que l’économie en monnaie nationale, rationnée, est en pénurie quasi-permanente.
Deux monnaies, deux économies dans un même pays : c’est comme s’il y avait deux monnaies en France, une forte (équivalente à l’euro) et une faible, très faible même (1 pour 24).
On vous paye avec la faible (l’équivalent de 15 euros mensuels), et l’on vous vend avec la forte (à des prix occidentaux).
Dans les deux cas, pas d’alternative : c’est l’Etat qui emploie 80 % des Cubains et fixe les salaires, et c’est l’Etat qui a le monopole du commerce intérieur et de ses prix (supérieurs par décret de 140% aux prix en France).
L’équation quotidienne, impossible à résoudre sans infraction de toutes sortes, est laissée sur vos épaules (d’où marché noir florissant, corruption, vols et détournements).
Ces dernières semaines, la lutte contre ces infractions est devenue la priorité de Fidel Castro, qui a reconnu pour la première fois la gravité du problème. Les mesures de contrôle se multiplient dans tout le pays, les salaires qualifiés ont été augmentés de trois dollars mensuels, mais dans le même temps les tarifs d’électricité ont eux aussi augmenté de 300 % (pour atteindre des tarifs presque français pour ceux qui consomment plus).
C’est face à la tension que suscite cette situation que l’Etat a décidé cette baisse des prix temporaire, pour trois semaines.
Une baisse largement insuffisante et concernant trop peu de produits pour satisfaire les Cubains. De fait, contrairement aux prévisions, on a vu assez peu de files d’attentes devant les magasins concernés pendant les premiers jours.