Il y a de nombreux rituels, à Cuba, des rituels révolutionnaires. L’un des plus médiatisés dans l’île concerne la fête nationale du 26 juillet. Chaque année, les quatorze provinces du pays sont en compétition pour avoir l’insigne honneur d’accueillir le discours de Fidel Castro, ce jour-là. Celle qui a les meilleurs résultats, dont je n'ai jamais compris en quoi ils consistent (plus d'explications ici) est annoncée au début du mois de juillet.
Cette année, donc, c’est la province de Granma, dans l’Oriente, qui a gagné. Coïncidence : cette année, ce sont les cinquante ans du débarquement de Fidel Castro dans cette province justement, d’où il allait lancer sa guérilla de barbudos en décembre 1956.
Ca n’a pas échappé à de nombreux Cubains. Une amie, pourtant peu portée sur les rites révolutionnaires, m’a appelée indignée quand elle a su que Granma avait gagné « l’émulation nationale » (les rites s’accompagnent de leur vocabulaire ad hoc) ; pour elle, il y a du favoritisme dans l’air. Ce qui m’étonne, c’est qu’elle s’en étonne, qu’elle s’en énerve.
En attendant, on a droit tous les jours à de nombreux reportages au journal télé, qui nous montrent à n’en plus finir la joie des granmenses : une gamine nous parle des glaces que l'on trouve maintenant dans la cafétéria d'Etat et qui sont très bonnes, un type nous dit quelques mots sur les transports publics qui se sont améliorés, etc.
Pour les gens de La Havane, tout l’Est de l’île est une vaste campagne atrazada, pleine de paysans dont le seul but est de venir à la capitale. Problème : il y a une loi qui interdit à celui qui le veut de s’installer así no más à La Havane. C'est pour lutter contre l’exode rural. Mais les gens viennent quand même, illégalement. S'ils sont contrôlés dans la rue, ils sont renvoyés dans leur province, así no más. En cubain, on les appelle les « palestinos ».
16 juillet 2006
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1 commentaire:
chère tortue, pas mal ton blog
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