04 novembre 2006

mafieux

L’autre jour, près du Malecón, j’ai vu Al Capone et Jack Gusik, les deux plus grands mafieux de Chicago. Enfin, je les ai entendus plutôt : un ami qui écrit des radio-novelas m’a emmenée à l’enregistrement d’un épisode du prochain feuilleton de l’après-midi, « L’ennemi public numéro un ».
Dans l’édifice malmené de Radio Progreso, au 3e étage, trois studios austères enchaînent les enregistrement des radionovelas qui font le succès de la station.
Quand nous sommes entrés, les acteurs —cinq hommes dans la cinquantaine— répétaient l’épisode du jour assis autour d’une longue table rectangulaire, le réalisateur les interrompait par de petites exclamations, les pressant souvent d’aller plus vite, de donner plus de rythme à leur lecture.
Puis rapidement, l’enregistrement a commencé, les acteurs se sont levés vers les deux micros debout au milieu de la pièce, le bruiteur aux airs de Dersou Ouzala s’est assis dans son coin, avec tous ses accessoires à portée de main.
Et tout d’un coup, Al Capone a eu les cheveux poivre et sel, et l’air d’un bon père de famille, Jack Gusik a mené son club américain avec un fort accent cubain, et le narrateur, un peu à l'écart avec son micro à lui (un privilège), a sorti une voix d'outretombe aux effets très années 50.
Sur les notes délicieuses d’un vieux 33-T de jazz, le bruiteur a fait surgir une gare de trois coups de sifflets et quelques piétinements, et Al Capone a fait ses premiers pas dans le monde de la mafia.
Ca n'a pas duré bien longtemps, l'épisode s'est enregistré en une dizaine de minutes, puis tous les acteurs sont sortis pour enregistrer les autres feuilletons de la journée. Mais tout ça avait un charme tranquillement désuet, et j'avais l'impression d'être dans un chapitre de La Tante Julia et le scribouillard, de Vargas Llosa.


PPS Pour ceux qui veulent en savoir plus, je crois qu’on peut écouter les radionovelas de Radio Progreso sur leur site internet, mais il faut attendre la semaine prochaine pour suivre les aventures d'Al Capone.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bonjour la tortue... continuez votre petit bonhomme de chemin, et souriez, et dansez dans la rue. On voudrait y être, le temps d’une pirouette!
jfk