C’est encore un de ces détails apparemment minuscules qui vont vous faire sourire, et pourtant, dans cette île, on interprète tout…
Jeudi dernier, les présentateurs du journal télévisé n’ont pas lu in extenso le texte écrit la veille par Fidel Castro et paru dans le Granma du jour. Ils en ont lu une synthèse, un résumé.
C’est totalement inédit.
Depuis le début de ses « Réflexions du commandant en chef » (on doit en être à la dixième maintenant), et quelque soit la longueur du texte, systématiquement les présentateurs commençaient leur journal par la lecture mot à mot dudit texte.
Pas question de changer une virgule, de sauter un paragraphe, de résumer une idée: la parole, cette parole, est sacrée, elle est intouchable.
Cela donnait des scènes hilarantes, dix, quinze minutes de monologue, avec un journaliste transformé en acteur, essayant de donner intonations et élan à une longue réflexion écrite par un autre. Rodobaldo Hernandez et Rafael Serrano, présentateurs vedettes respectivement du midi et du soir, sont particulièrement doués pour ça, de vrais comédiens, prenant des mines contrites ou menaçantes selon le ton requis.
L’actualité venait après, dans ce qui restait de temps pour le journal, parfois une peau de chagrin.
Mais jeudi dernier, donc, ce rituel de la déclamation a laissé place à un résumé.
Qui a décidé que l’on pouvait condenser le long texte (lui-même un résumé des interventions de trois économistes lors d’un récent forum) ? Qui a franchi cette frontière tabou ?
Vous allez dire que j’exagère, mais dans cette île où tout relève du non-dit, du tacite, chaque accroc sur le voile de silence est la source de toutes les spéculations.
Pendant des décennies, les discours de Fidel Castro ont été retranscrits systématiquement et intégralement dans le Granma, et rediffusés in extenso à la télévision, quelle que soit leur longueur (souvent entre trois et quatre heures, plusieurs fois par semaine).
Et voilà qu’un beau jour, quelqu’un décide de résumer la pensée si souvent présentée comme parfaite, zénitale…
Ca n’en a pas l’air, mais c’est une vraie transgression.
22 mai 2007
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4 commentaires:
A Caracas, me dit-on, Chavez se fait chaque jour un peu plus performant exegete de ces billets et analyses prometheennes du Lider Maximo.
Lui aussi, il resume.
Oedipe Roi, il tue le pere, Pasolina in da house.
Il est doue dans la declamation, le bougre de Hugo, et a exige au Ministre de l'Education, son frere, que l'integralite de ces recents ecrits soient reproduits pour alerter les consciences bolivariennes.Notamment sur le 'genocide' que supposerait les biocombustibles.
Oui mademoiselle.
PS: cette meme source d'information me fait comprendre qu'un jour, promptement, a regret, tu partiras.
Vous m'en voyez fort marri.
je chanterai, alors, du goldman.
Un admirateur de votre talent.
Patxi
Sara, et si on parlait un peu de nous ?
ci-joints 2 albums photo sur La Havane. Hasta luegito...
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