16 octobre 2006

accusés

Pharyngite aiguë. C’est ce que m’annonce la docteresse. Ca fait une semaine que je traîne ça, je ne dors plus, je tousse beaucoup, et en cela, je ressemble à la moitié des habitants de La Havane en ce moment. «Il y a comme un cadre clinique favorable à ce genre de symptômes ces derniers temps» me lâche-t-elle, en remplissant mon ordonnance.
Effectivement, sacrément favorable. Tout le monde ou presque y est passé ces dernières semaines. "Radio Bemba" (la rumeur) cherche l’explication.
La première accusée, c’est la dengue, même si officiellement elle n’existe pas : les autorités ont réussi le tour de force de ne pas prononcer une seule fois son nom au cours des deux derniers mois, tandis qu’elles multipliaient les campagnes de fumigation quotidiennes.
Un vrai exercice de style, que de diffuser à longueur de journée des spots télévisés qui parlent de « détruire l’ennemi (le moustique) pour protéger la famille », sans jamais nommer le danger. Un secret de polichinelle, d’ailleurs, puisque chacun peut compter autour de lui le nombre de personnes atteintes de la dengue, voisin, ami, collègue…
Il semble qu’il y en a eu beaucoup cet été, mais pas un mot officiel sur le sujet, ni sur le nombre de malades, ni sur le nombre de morts. Silence macabre sur ce qui semble avoir été une forte épidémie.
Autres accusées : les fumigations justement, qui à part tuer les moustiques auraient des effets désastreux sur les voies respiratoires des humains. Ces deux derniers mois, ça n’a pas arrêté : tous les jours il y avait des fumigations dans les maisons, dans les rues à la tombée de la nuit, par avions d’épandage à l’aube (un peu flippant d’ailleurs comme réveil, des avions en rase-mottes sur les toits de la ville)… Il paraît que c’est problématique pour les personnes allergiques.
Enfin, derniers accusés, un peu mystérieux : des virus inconnus dans l’île, venus avec les patients sud-américains de « l’opération Milagro », face auxquels les résistances immunitaires des Cubains seraient sans défense. Difficile de savoir si c’est possible, mais beaucoup de Cubains y croient. En tout, depuis deux ans, 300 000 patients sont venus se faire opérer sur l’île, sans quarantaine, venus de régions avec des maladies endémiques.
Ce doit être le caractère des îliens d’être méfiants de ce qui vient de l’extérieur : en 1981, face à une grande épidémie de dengue, Cuba avait accusé la CIA d’avoir introduit le virus sur l’île.
Bref, cette fois-ci, on ne sait pas d’où ça vient, mais on est nombreux à être sur le carreau à La Havane. C’est dommage : en ce moment, c’est la meilleure saison ici, entre chaleur douce et soleil tranquille.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

A singapour aussi, il y avait des fumigations intempestives. C mes voisins qui sont aujourd'hui à la havane qui doivent être contents...
Soignez-vous bien !

Anonyme a dit…

Prends bien soin de toi pitite tortue !

Anonyme a dit…

Bon courage, en général c'est pas le truc le plus drôle que d'être malade et à l'étranger ...

Et il faut dire merci à la chimie, grâce à elle on est tout aussi malade mais on n'a pas les piqûres.

Anonyme a dit…

Hello Tortue!
Je suis toujours tes aventures Cubaines avec un grand intérêt et, étrangement, sans que cela me donne vraiment envie d'y retourner! En tout cas, tu es la bienvenue sur Madrid, au bord d'un bol de tripes!

Anonyme a dit…

Bien arrivés à Paris ce matin, et nulle trace de fumigation à Charles de Gaulle. Merci encore pour tout et bon courage pour la grosse toux. Hasta pronto.

Stéphane

Anonyme a dit…

bon rétablissement!