A la fin de chaque acto politico retransmis à la télévision, c’est le même scénario : les hauts-parleurs entament L’internationale, les voisins de siège se lèvent, leurs mains se joignent, et tous les assistants (systématiquement des salles pleines) se penchent à droite puis à gauche puis à droite en entonnant à leur tour L’internationale. Dans les plans d’ensemble, l’image est impressionante, les mains levées forment une longue guirlande mouvante, de rang en rang, infinie.
A l’instant même, la télévision vient de retransmettre un acto commémorant les trente ans de l’attentat contre un avion cubain, où plus de 70 personnes sont mortes. Plusieurs personnes ont pris la parole, le dernier a lancé le rituel «Hasta la victoria siempre», et les hauts-parleurs se sont mis en marche.
On a alors vu les plans d’ensemble montrant la foule remplissant le théâtre Karl Marx onduler. Mais quelques plans de coupe ont nuancé l’effet collectif : on a pu voir là des adolescents vêtus de leur uniforme scolaire trébuchant sur les paroles de l’hymne communiste ; plus loin, c’était des femmes qui commençaient à appuyer leur balancement d’un coup de hanches suggestif, transformant la marche solennelle en une salsa inattendue ; plus loin encore, c’était des "professeurs émergents" tout jeunes, qui ont rompu l’ondulation pour faire d’immenses coucous à la caméra à peine se sont-ils vus, j’imagine, sur l’écran géant retransmettant les images dans la salle. Et soudain, cette puissance d’évocation collective et quasiment martiale s’est transformée en un puzzle d’individualités un peu chaotique et distrait. C’est étonnant comme tout change, selon qu’on le voit de près ou de loin.
07 octobre 2006
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2 commentaires:
C’est étonnant comme tout change, selon qu’on le voit de près ou de loin.
C ce que je me dis depuis que je porte des lunettes ;-)
Pinochet Castro même combat
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