20 juin 2006

image subliminale

C’était un reportage sur l’escorte personnelle de Fidel Castro. A l’occasion des 45 ans du Ministère de l’intérieur (le Minint, de son petit nom), le journal télévisé diffuse depuis quelques semaines des hommages aux gardes-côtes, aux policiers, aux espions infiltrés… bref, à tous ceux qui ont à voir d’une façon ou d’une autre avec le Minint.
Aujourd’hui, c’était donc sur les gardes du corps du Comandante. Images d’archives, interviews, commentaire lyrique comme un poème, et musique classique pour enrober le tout.
Le seul dirigeant présent et reconnaissable, sur toutes les images, était Fidel. Normal, il s’agissait de ses gardes du corps à lui.
Sauf que la dernière image justement, celle qui fermait le reportage, montrait Raul Castro descendant de voiture. Totalement hors contexte, sans gardes du corps autour de lui, sans allusion à lui dans le commentaire, sans son frère dans les parages : juste lui, à peine quelques secondes, comme une image subliminale, qui clôt le reportage. Evidemment, le hasard n’a rien à faire là-dedans, et ces quelques secondes inopinées en disent long sur les changements de perspective depuis trois mois.
Raul Castro apparaît de plus en plus dans les médias, comme une image subliminale, comme un message codé —sans paroles. On le voit en photo, un fusil en joue, on le voit passant ses troupes en revue, on le voit descendant de sa voiture, mais on l’entend rarement. Souvent, il délègue même sa parole.
La semaine dernière, il a pourtant fait un court discours, avertissant les Etats-Unis de l’invulnérabilité militaire de Cuba. En passant, il a évoqué la succession de son ainé (car c’est bien de ça qu’il s’agit) : personne ne pourra le remplacer, a affirmé l’héritier désigné, c’est le Parti dans son ensemble qui sera le digne successeur de Fidel Castro.
Quelqu’un disait qu’à Cuba, il faut savoir interpréter les paroles, mais aussi les silences. N’empêche : parfois, le message est vraiment opaque.

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