D’habitude, le Riviera est un ciné tranquille, à la façade bleu pâle ornée d’une typo très années 50. Il est au cœur du Vedado, sur la rue 23. La programmation y est assez paresseuse : il ne change pas de film tous les jours comme le Chaplin, il n’a pas cinq séances quotidiennes, comme le Yara. C’est juste un ciné tranquille.
Mais l’autre soir, il s’est métamorphosé : un ami m’avait dit de passer vers minuit, après la séance du soir, il organisait une fête là-bas. « Tu veux dire, dans le ciné? » C’est ça, dans le ciné, à l’intérieur.
Un peu incrédule, j’y suis allée au milieu de la nuit, et je suis tombée sur une véritable rave party. Les marches, devant l’entrée, étaient encombrées de jeunes en sueur sortis prendre l’air. Une fois les portes franchies, la salle était un sauna aux accords techno.
Sur la petite scène devant l’écran, une foule de filles et de garçons dansaient torses nus, baignés par la chaleur et hypnotisés par le rythme. Dans un coin de la scène, les DJ, avec de vraies platines de 33 tours —une rareté ici— faisaient des mix. Et éparpillés dans les rangées de fauteuils, de petits groupes reprenaient leur souffle face à la scène.
En tout, il y avait là plusieurs centaines de personnes, surtout des garçons, jeunes voire très jeunes, des mickies comme on appelle ici les enfants de bonne famille « con dinerito » (à ne pas confondre avec les frikies, les fans de hard rock, cheveux longs et piercing, qui il y a quelques années envahissaient le soir le carrefour voisin de G y 23, avant d’être virés par la police).
Le plus étonnant de l’histoire, c’est qu’il s’organise assez souvent des soirées techno sauvages, plus ou moins illégales, ou en tout cas déguisées. Mais elles sont généralement éloignées de la ville, dans des coins tranquilles ou abandonnés.
Cette fois, on ne pouvait pas trouver plus central, plus évident. Mais ça a marché : il y avait de nombreux flics tout autour du ciné, comme chaque week end, mais pas un n’a pas pensé que cette fête énorme organisée sous leurs yeux pouvait ne pas être tout à fait autorisée.
20 juin 2006
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1 commentaire:
J'aime beaucoup ton blog. C'est marrant au travers de ces petites anecdotes, j'ai vraiment la sensation de découvrir Cuba. En plus, dans tes lignes je m'aperçois que les réalités cubaines, vietnamiennes et malgaches se croisent plus que je ne l'aurait cru.
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