Je ne sais pas pourquoi, mais ici, on n’a pas le droit d’avoir de lecteur DVD. Ou plutôt, ils sont interdits à la vente.
Pourtant, on en trouve parfois dans certaines boutiques d’Etat. Bien sûr, ce ne sont pas des lecteurs de DVD en tant que tels : l’autre jour par exemple, un ami a acheté dans un magasin d’Etat un appareil japonais ou chinois, je ne sais plus, qui était un lecteur CD un peu sophistiqué, importé le plus légalement du monde.
Or ce lecteur CD a une fonction intéressante : on peut le brancher à un poste de télévision, et l’utiliser comme lecteur DVD.
Oups, mais si les lecteurs DVD sont interdits ?
Qu’à cela ne tienne : l’appareil en question portait sur son mode d’emploi un gros tampon rouge : « Nota importante : este aparato ha sido modificado por las autoridades ».
Le vendeur du magasin d’Etat lui a expliqué que les connexions permettant la lecture de DVD avaient été plombées par la douane : à l’arrivée du stock d’appareils, ils avaient donc ouvert chaque emballage, un technicien spécialisé avait démonté les appareils, et mis soigneusement hors service cette fonction-là, et uniquement celle-là. Tout le reste fonctionnait à merveille.
« Mais ne t’inquiète pas, a expliqué le vendeur : si ça t’intéresse, je connais un bon technicien qui te déplombera tout ça pour 30 dollars de plus ». Et voilà !
Il y a ici un proverbe très répandu, « quien hace la ley hace la trampa », celui qui pense la loi pense aussi comment la contourner. Le plus simple et le plus radical pour respecter cette fameuse loi serait de ne pas importer ce type d’appareils mixtes, chose assez facile à contrôler puisque tout passe par des entreprises d’Etat.
Mais non, l’option cubaine est plutôt d’importer justement ces appareils-là, de les démonter, de payer des techniciens pour les modifier –mais pas de façon définitive--, de les réemballer, de modifier la notice (est-ce un hasard ? sur le mode d’emploi, en plus du tampon rouge, la page qui explique comment brancher le lecteur à un poste de télévision est imprimée à l’envers, lisible seulement dans un miroir ; les autres pages, elles, sont normales), puis de les mettre en vente.
Bon prince, le technicien officieux venu chez mon ami débloquer le lecteur (peut-être le même qui dans ses heures de travail officiel est chargé de les bloquer justement) lui a même offert un DVD pour vérifier le bon fonctionnement de la machine : c’était un film porno !
18 mai 2006
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