28 mai 2006

visites en perspective

Ca y est, il va falloir faire à nouveau les stocks de boîtes de conserve, vérifier le nombre de bougies en réserve, récupérer un peu de petit bois, acheter des serpillères et des éponges, trouver de quoi stocker l'eau pour les jours de coupure, glisser des sacs plastiques entortillés dans les joints défaillants des volets de bois, dénicher quelques bons livres pour faire passer le temps… bref, dans une semaine, la saison cyclonique recommence, et on nous la promet musclée !
Cette année, nous aurons donc la visite, entre autres, d’Alberto, de Béryl (Béryl vient ?), de Chris, de Florence, de Kirk, de Leslie, d’Oscar, et de quelques autres. Ils ne sont pas encore arrivés, mais l’on connaît déjà leurs noms (et même de ceux qui passeront en 2010).
On retrouvera Rubiera, notre météorologue préféré, on retrouvera les préparatifs au son des coups de marteaux omniprésents, les attentes à n’en plus finir, les évacuations, puis les lendemains de cyclones, qui ressemblent toujours à une gueule de bois plus ou moins violente.

26 mai 2006

une once de corruption

Depuis six mois, à Cuba, c’est la chasse à la corruption. Fidel Castro a découvert que c’était le vrai danger, celui qui pouvait détruire la révolution.
Le problème c’est que cette corruption s’est incrustée depuis longtemps dans tous les aspects de la vie. Dans un pays où tout est soumis à des autorisations, à des permis, à des vérifications, chacune de ces étapes donne lieu à ce qu’on appelle la corruption. C’est un grand mot d’ailleurs, "corruption", pour parler de ce trafic d’influence minuscule mais omniprésent.
Un ami dont la femme a accouché récemment m’a raconté un exemple étonnant et absurde. Tout s’était bien passé lors de l’accouchement, mais l’enfant nouveau-né n’avait pas le poids requis pour que la mère et l’enfant puissent quitter l’hopital.
En effet, dans le but de réduire la mortalité infantile dans l’île, les naissances sont très surveillées : la santé de la mère et de l’enfant font donc l’objet d’un tas de contrôles. Une série de mesures qui témoignent des meilleures intentions —mais parfois, les bonnes intentions ne suffisent pas.
Car le problème, c’est que les hôpitaux cubains courants sont dans un état déplorable, les patients doivent amener draps, nourriture, produits de nettoyage pour laver leur chambre : toute une série de contraintes qui font que souvent les jeunes mères n’ont qu’une hâte, rentrer chez elles. Mais tant que le poids défini par avance pour tous les nouveaux-nés n’est pas atteint, impossible d’obtenir l’autorisation de sortie de l’hôpital.
Cette femme a donc pris son mal en patience, attendant que son enfant grossisse. Pourtant, dans le même temps, elle voyait des mères dans la même situation qu’elle rentrer chez elles les unes après les autres.
Elle s’est étonnée, jusqu’à ce qu’une voisine de chambre vienne la voir : “Mais mijita, va donc voir l’infirmière, elle vend des onces”.
Elle vend des onces ? Oui, l’infirmière en question vendait aux mères impatientes de quitter les lieux des onces inexistantes, des onces virtuelles, celles qui manquaient à leurs bambins pour qu’ils puissent quitter l’hôpital. En échange de quelques dollars, elle rajoutait quelques grammes sur la fiche du nouveau-né.
Quien hace la ley hace la trampa, multiplier les contrôles revient plus souvent ici à multiplier les corruptions qu’à contrôler la réalité. Quant aux statistiques, elles sont ce que l'on déclare, ce que cette infirmière, par exemple, déclare.

25 mai 2006

décalage

Qu’est-ce qu’il y a ce soir à la télé ? Ben, programme unique : sur les quatre chaînes nationales, ainsi qu’à la radio, intervention spéciale de Fidel Castro avec des invités.
De quoi vont-ils discuter ? L’annonce de Granma est énigmatique : «L’objectif est de démanteler la perfide manœuvre impérialiste et de ses complices et laquais, qui sont tombés dans leur propre piège du point de vue moral et se trouvent dans une impasse»…
Il ne faut pas croire : il n’est pas si fréquent que les quatre chaînes soient réquisitionnées dans ces retransmissions. Normalement, deux d’entre elles proposent leur programme habituel, laissant un choix au téléspectateur. Aujourd’hui, non.
Le sujet doit être d’importance, pour couvrir ainsi tous les médias. Parleront-ils des pluies violentes qui cette nuit ont tué au moins trois personnes à La Havane? Examineront-ils les dysfonctionnements des secours en cas de catastrophes naturelles, rendus patents hier soir ? Sera-t-il question de l’état des infrastructures, visiblement insuffisant ? Un sujet d’importance nationale, à l’orée d’une saison cyclonique qui s’annonce intense.
A 17 h, l’émission spéciale commence : en quelques minutes, le décor est planté. Les invités sont les mêmes que lundi dernier, le sujet aussi : démentir la revue Forbes et défendre la probité du président cubain.
A Cuba, tout le monde se moque de cette histoire, personne ne s’intéresse à la supposée fortune de Fidel Castro ; à l’étranger, après le démenti de la semaine dernière, il est peu probable que l’on en parle à nouveau.
Pourtant, seules trente secondes seront consacrées à évoquer le drame de la nuit, et sept heures à répondre à Forbes et consort.
Une telle obsession laisse sans voix, dans ce contexte dramatique pour de nombreux habitants de la capitale qui ont tout perdu cette nuit, dont certains la vie. Le journal de la mi-journée n’avait pas non plus évoqué les pertes humaines, ni les dégâts dans de nombreux quartiers de la ville. Le journal de la nuit n'en dira rien non plus.
D’habitude, les médias cubains couvrent exhaustivement les catastrophes naturelles et les évacuations nombreuses qui les accompagnent. Le silence d’aujourd’hui en est d’autant plus choquant. C'est comme s'il ne s'était rien passé hier soir à La Havane, comme s'il n'y avait pas eu de victimes —ou si peu que ça ne vaut pas la peine de s'attarder.
Je parlais ce matin avec un vieil homme du quartier de Centro Habana dont le voisin était mort dans la nuit, dans son appartement du rez de chaussée envahi par l'eau jusqu’au plafond. Il disait se sentir abandonné par les autorités, les pompiers n’étaient pas intervenus dans sa rue transformée en fleuve avec près de deux mètres d’eau, et aucun responsable n'était venu les voir depuis.
Je ne sais pas si ce vieil homme a suivi avec toute l'attention requise l'intervention spéciale de son président ce soir.

23 mai 2006

corvée de fleurs

L’autre jour, j’ai accompagné un voisin rendre visite à son fils parti à l’école aux champs. L’école aux champs, c’est une spécificité cubaine, apparue avec la révolution, à laquelle personne n’échappe : tous les lycéens en filières techniques sont envoyés chaque année deux ou trois semaines dans des campements perdus au milieu de la campagne pour y travailler avec les coopératives agricoles locales (les lycéens des filières généralistes, eux, n’ont pas besoin d’être envoyés aux champs : ils y sont déjà ! Les internats obligatoires par lesquels il faut passer pour pouvoir ensuite entrer à l’université sont éparpillés dans chaque province, et partagent les journées des lycéens entre travaux agricoles et études).
Bref, cette fois-ci, le gamin et sa classe de comptabilité devaient ramasser des pommes de terre. L’idée, c’est de familiariser les petits citadins aux joies de la campagne, et accessoirement de fournir de la main d’œuvre pour les récoltes.
Je ne suis pas sûre de l'efficacité de cette main d’œuvre, et de l’importance de sa participation à l’effort national, même si chaque élève doit accomplir des normes quotidiennes assez élevées —mais comment dire, on ne s’improvise pas travailleur agricole comme ça.
Pour les adolescents, c’est comme une colonie de vacances, aux conditions rudimentaires. La nourriture est misérable, les dortoirs remplis de moustiques, les douches repoussantes, l’eau à moitié potable, les surveillants quasi-inexistants… pourtant, les gamins adorent (les parents moins).
Le week-end, les familles se débrouillent comme elles peuvent pour aller rendre visite aux mômes et leur amener à manger, et du linge propre pour la semaine. Parfois un bus préhistorique est affrété par l’école, sinon il faut trouver une voiture pour s’y rendre.
Mais l’école ne donne jamais d’indications bien précises sur le lieu des campements, à peine un nom, et le nom du village le plus proche.
L’an dernier déjà, nous nous étions à moitié perdus dans la province havanaise, à une heure de la capitale. Cette année, re-belote, mais dans la direction opposée.
Les habitants du village étaient incapables de nous préciser où se trouvait le campement, on a erré quelques temps sur des chemins de terre rouge, ponctués ici et là par des édifices de béton de quatre étages aux longues persiennes métalliques : les fameux PRE, les internats des lycéens généralistes, qui se répètent à l’identique tout au long de l’île, jetés comme des légos dans la campagne.
Le campement du fils de mon voisin était bien plus modeste : quelques bâtiments de torchis de plain-pied, sans étage, entourés d’un petit mur. Il y avait le dortoir des garçons, le dortoir des filles, le bâtiment des douches, et le réfectoire. A côté, les locaux de l’infimerie et de l’administration.
Sur les murs peints à la chaux, quelques citations de José Marti, un portrait des Cinq, un drapeau, et quelques palmiers qui donnaient un peu d’ombre.
Nous sommes allés au village voisin pour manger une pizza, dans un kiosque de cuentapropista : comme souvent, sur le pas de la porte d’une maison ordinaire, des grilles s’élevaient d’une colonne à l’autre, une liste détaillait l’offre (croquettes, pain avec des croquettes, pizza avec du fromage, pizza avec du jambon), et les pizzas à la pâte molle et épaisse vaguement recouverte de concentré de tomates coûtaient plus cher qu’à La Havane (10 pesos avec du fromage).
Il y avait du monde, c’était sans doute le seul kiosque ouvert le dimanche, au bout de vingt minutes, la femme nous a tendu nos pizzas repliées à travers le grillage, de la main à la main.
Il n’y avait évidemment pas de couverts, pas d’assiettes, pas d'auvent, pas d’endroit où s’asseoir (mettre des bancs devant le kiosque, ça serait changer de catégorie, pour les propriétaires, et donc payer plus d’impôts)… on a avalé nos pizzas à coups de dents debout sous le soleil de midi, au milieu des chiens qui traînaient autour à la recherche de miettes à avaler, entre le caniveau et le grillage. Miam.
Puis on raccompagné le gamin à son campement et à ses patates. Une amie plus âgée m’a raconté qu’elle avait gardé un joli souvenir de son école aux champs, au début des années 80. Les filles de sa classe était tombée sur la récolte de fleurs, tandis que les garçons étaient chargés de la cueillette des fraises. Ca avait donné lieu à d’innombrables échanges, je te donne une fleur, tu me donnes une fraise, au grand dam des agriculteurs qui voyaient fondre leur récolte.

18 mai 2006

naviguer dans l'immensité

100 heures avec Fidel, le dernier livre d’Ignacio Ramonet, pas mal critiqué sur les blogs hispanophones pour ressembler parfois plus à un copier-coller de discours du comandante qu’à un livre d’entretiens inédits, sort cette semaine dans son édition cubaine.
Les médias cubains en parlent beaucoup et Granma notamment, avec ce talent particulier pour les métaphores inattendues : « Fidel es un océano y Ramonet una especie de expedicionario que intenta bucear y navegar la inmensidad » (Fidel est un océan, et Ramonet une sorte d’explorateur qui tente de plonger et de naviguer dans l’immensité).

toute une logique

Je ne sais pas pourquoi, mais ici, on n’a pas le droit d’avoir de lecteur DVD. Ou plutôt, ils sont interdits à la vente.
Pourtant, on en trouve parfois dans certaines boutiques d’Etat. Bien sûr, ce ne sont pas des lecteurs de DVD en tant que tels : l’autre jour par exemple, un ami a acheté dans un magasin d’Etat un appareil japonais ou chinois, je ne sais plus, qui était un lecteur CD un peu sophistiqué, importé le plus légalement du monde.
Or ce lecteur CD a une fonction intéressante : on peut le brancher à un poste de télévision, et l’utiliser comme lecteur DVD.
Oups, mais si les lecteurs DVD sont interdits ?
Qu’à cela ne tienne : l’appareil en question portait sur son mode d’emploi un gros tampon rouge : « Nota importante : este aparato ha sido modificado por las autoridades ».
Le vendeur du magasin d’Etat lui a expliqué que les connexions permettant la lecture de DVD avaient été plombées par la douane : à l’arrivée du stock d’appareils, ils avaient donc ouvert chaque emballage, un technicien spécialisé avait démonté les appareils, et mis soigneusement hors service cette fonction-là, et uniquement celle-là. Tout le reste fonctionnait à merveille.
« Mais ne t’inquiète pas, a expliqué le vendeur : si ça t’intéresse, je connais un bon technicien qui te déplombera tout ça pour 30 dollars de plus ». Et voilà !
Il y a ici un proverbe très répandu, « quien hace la ley hace la trampa », celui qui pense la loi pense aussi comment la contourner. Le plus simple et le plus radical pour respecter cette fameuse loi serait de ne pas importer ce type d’appareils mixtes, chose assez facile à contrôler puisque tout passe par des entreprises d’Etat.
Mais non, l’option cubaine est plutôt d’importer justement ces appareils-là, de les démonter, de payer des techniciens pour les modifier –mais pas de façon définitive--, de les réemballer, de modifier la notice (est-ce un hasard ? sur le mode d’emploi, en plus du tampon rouge, la page qui explique comment brancher le lecteur à un poste de télévision est imprimée à l’envers, lisible seulement dans un miroir ; les autres pages, elles, sont normales), puis de les mettre en vente.
Bon prince, le technicien officieux venu chez mon ami débloquer le lecteur (peut-être le même qui dans ses heures de travail officiel est chargé de les bloquer justement) lui a même offert un DVD pour vérifier le bon fonctionnement de la machine : c’était un film porno !

16 mai 2006

papa pas pélican

Fidel Castro n’apprécie pas du tout que Forbes le classe parmi les plus riches gouvernants du monde. C’est vrai que pour le dirigeant d’un des derniers pays communistes, en terme d’image, c’est moyen.
Du coup, il a convoqué ministres et hauts fonctionnaires, hier soir, pour une longue retransmission télévisée en direct de quatre heures et demie, destinée à dénoncer "l’infâme calomnie". Ils s’en sont pris au mode de calcul de la revue américaine, plus que contestable (Forbes compte par exemple comme fortune personnelle le chiffre d’affaires de plusieurs entreprises d’Etat cubaines, ce qui me semble absurde).
A la fin, Fidel Castro a pris la parole, offusqué. Et il a posé entre autres cette question étrange : « Pourquoi voudrais-je cet argent, si je n’ai pas d’héritiers ? Où sont les héritiers ? ».
Je dis question étrange, car même si on ne sait pas grand-chose de sa vie privée, on lui connaît un fils qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, Fidelito, et lors du Mondial de base-ball, on a aussi vu sur les écrans cubains un autre de ses fils, médecin de l’équipe nationale de base-ball. Sans oublier Alina, la fille rebelle, partie s’exiler à Miami.
Bref, sans rentrer dans des comptes de paparazzi, on connaît publiquement au moins trois enfants de Fidel. Alors pourquoi pose-t-il cette question ? En dehors du fait que ce n’est pas un argument déterminant, c’est plutôt désobligeant pour eux. Dans son livre de mémoires, où Alina règle ses comptes avec son père, elle précise qu'il n'est pas très famille. C'est le moins que l'on puisse dire…

15 mai 2006

sur la route

A Cuba, en voiture, pour indiquer que l’on va tourner, on met éventuellement son clignotant. Mais surtout, on sort le bras, et l’on pointe l’index vers le ciel: au conducteur qui vous suit de deviner si vous tournez à droite ou à gauche.
Pour freiner, le principe est le même, mais dans ce cas-là, on sort le bras à l’horizontale et l’on fait signe au suivant de ralentir.
Tout-à-l’heure un taxi qui me précédait a tourné devant moi, à la sortie du tunnel de Linea. Il n’a pas mis son clignotant (pour quoi faire ?), et il a sorti son bras.
Mais là où je m’attendais à voir son index se pointer vers le ciel, il n’y avait qu’un moignon à hauteur du poignet. C’est un détail, mais franchement, c’est nettement moins explicite pour le conducteur qui suit.

11 mai 2006

ironies

Vu d’ici, c’est quelque chose de complètement inimaginable: un homme, un humoriste, fait un sketch devant la personne qui a actuellement le plus de pouvoir au monde, le président des Etats-Unis, et se moque ouvertement de lui et de ses convictions, vingt minutes durant.
Et il ne lui arrive rien. Non seulement il ne lui arrive rien, mais le président est là, à côté de lui, qui le regarde amusé (enfin plus ou moins, j’imagine).
Une liberté d’expression totale, une irrévérence incroyable, et une voix pour lui dire tout haut, devant lui, ce que beaucoup pensent.
Evidemment ici, où il n’est pas question pour la presse cubaine de mentionner Fidel Castro sans rajouter notre cher commandant en chef, ou le camarade Fidel, et où tout reportage télé se termine quasi-invariablement par des remerciements émus et mécaniques «a la revolución, al Partido y a Fidel», cette situation est inconcevable.
Ce n’est pas que les Cubains ne regardent pas avec ironie leur pays et ses dirigeants. Mais cela reste toujours dans la sphère privée.
Dire certaines choses en public peut attirer des problèmes, ne serait-ce qu’à cause de cet article du code pénal qui punit de un à trois ans de prison ferme quiconque «manque de respect par écrit ou par oral au président du conseil d’Etat, au président de l’assemblée nationale, aux membres du conseil d’Etat ou du conseil des ministres, ou aux députés de l’assemblée nationale».
Vu l’interprétation ample du concept "manque de respect", la version cubaine des Guignols de l’info n’est pas pour demain.
Pourtant, les Cubains rient, bien sûr, comme tout le monde, voire plus. Un ami à qui je racontais l’histoire de l’humoriste anti-Bush, m’a répondu par cette blague, comme une pirouette dérisoire :
«C’est l’histoire d’un Américain et d’un Cubain qui discutent de la liberté d’expression :
— Moi, dit l’Américain, j’ai une totale liberté d’expression. Si je le veux, je peux aller quand je veux à Washington, demander un rendez-vous avec George Bush, le rencontrer, et lui dire tout le mal que je pense de lui et sa politique !
Le Cubain le regarde et acquiesce :
— Mais moi aussi, dit-il, moi aussi je peux aller quand je veux sur la Place de la Révolution, à La Havane, demander un rendez-vous avec Fidel, le rencontrer et lui dire tout le mal que je pense de George Bush.»

05 mai 2006

cher fromage

Il y a une douzaine de supermarchés à La Havane ; parmi eux le plus snob est le Palco, qui dépend du Conseil d’Etat.
Il n’est pas bien grand, mais on y trouve ce qu’on ne trouve nulle part ailleurs, comme par exemple des céréales, du pop corn, du yaourt en ce moment, du pain complet, de la semoule, de la purée en flocons… Bref rien d’indispensable, mais de quoi varier l’ordinaire pour les expatriés et les cubains riches : car les prix, en «monnaie dure», sont particulièrement élevés.
Comme partout ailleurs, les approvisionnements varient, d’un jour à l’autre, d’une semaine à l’autre. Ces jours-ci, il y a du roquefort, par exemple, c’est la première fois que j’en voyais, de gros morceaux d’un kilo et quelques. Par curiosité, j’ai regardé les prix, par gourmandise, on ne sait jamais… 103 dollars et 20 centimes ! Cent dollars le morceau de fromage ! Et ça se vend : un des caissiers m’a dit en avoir vendu cinq le jour même.

04 mai 2006

promenade botanique

Il y a dans la rue 25 un palmier qui la nuit, au milieu des éclairages biaisés des lampadaires, se transforme en un majestueux feu d’artifice au dessus des maisons à colonnades.
Dans la rue 21, il y a un banyan tortueux et massif, dont les racines ont depuis longtemps fait exploser le trottoir, provoquant des vagues de ciment et de terre de 50 cm de haut.
Au coin de Paseo et 23, au mois de mars le trottoir se couvre de petits plumets rose acidulé, qui tombent de la Carolina plantée au carrefour. Un peu plus tard, c’est sa voisine qui fait tomber les siens, blanc crème.
Au mois d’avril, un peu partout, les frangipaniers aux branches encore dénudées se remplissent de petits tourbillons immaculés.
Au mois de mai, on croise au pied des fromagers du parc de 17 y 6 des femmes avec des sacs en plastiques rebondis, qui ramassent les fruits cotonneux de ce cousin du baobab, les kapok, pour en faire des rembourrages.
Au mois de juin, la troisième avenue de Miramar se transforme en un large tunnel à la voûte rouge et verte, formée des branches entrelacées des flamboyants qui la bordent de part et d’autre.