22 mai 2007

le pied de la lettre

C’est encore un de ces détails apparemment minuscules qui vont vous faire sourire, et pourtant, dans cette île, on interprète tout…
Jeudi dernier, les présentateurs du journal télévisé n’ont pas lu in extenso le texte écrit la veille par Fidel Castro et paru dans le Granma du jour. Ils en ont lu une synthèse, un résumé.
C’est totalement inédit.
Depuis le début de ses « Réflexions du commandant en chef » (on doit en être à la dixième maintenant), et quelque soit la longueur du texte, systématiquement les présentateurs commençaient leur journal par la lecture mot à mot dudit texte.
Pas question de changer une virgule, de sauter un paragraphe, de résumer une idée: la parole, cette parole, est sacrée, elle est intouchable.
Cela donnait des scènes hilarantes, dix, quinze minutes de monologue, avec un journaliste transformé en acteur, essayant de donner intonations et élan à une longue réflexion écrite par un autre. Rodobaldo Hernandez et Rafael Serrano, présentateurs vedettes respectivement du midi et du soir, sont particulièrement doués pour ça, de vrais comédiens, prenant des mines contrites ou menaçantes selon le ton requis.
L’actualité venait après, dans ce qui restait de temps pour le journal, parfois une peau de chagrin.
Mais jeudi dernier, donc, ce rituel de la déclamation a laissé place à un résumé.
Qui a décidé que l’on pouvait condenser le long texte (lui-même un résumé des interventions de trois économistes lors d’un récent forum) ? Qui a franchi cette frontière tabou ?
Vous allez dire que j’exagère, mais dans cette île où tout relève du non-dit, du tacite, chaque accroc sur le voile de silence est la source de toutes les spéculations.
Pendant des décennies, les discours de Fidel Castro ont été retranscrits systématiquement et intégralement dans le Granma, et rediffusés in extenso à la télévision, quelle que soit leur longueur (souvent entre trois et quatre heures, plusieurs fois par semaine).
Et voilà qu’un beau jour, quelqu’un décide de résumer la pensée si souvent présentée comme parfaite, zénitale…
Ca n’en a pas l’air, mais c’est une vraie transgression.

19 mai 2007

retrouvailles

Après ce trop long silence (paresseuse, débordée, lasse), et avant de vous donner quelques nouvelles depuis mon île, je veux remercier Loula, qui a fait il y a trois semaines un bouquet de cinq blogs qu’elle aime lire, dont celui-ci.
Nous devions nous rencontrer il y a quelques mois à La Havane, ça ne s’est pas fait finalement : ce sera pour une autre fois.
Selon ses règles, je dois à mon tour nommer cinq blogs qui m’accompagnent : c’est difficile, cinq c’est peu.
Et puis la vie des blogs est fluctuante : certains disparaissent, d’autres s’endorment, d’autres encore changent, ou au contraire ne changent pas…
Disons que tous ceux qui sont nommés sur le côté me font faire le tour du monde tous les jours ou presque (et je suis toujours à la recherche de nouveaux pays, de nouvelles découvertes : si vous avez des suggestions, n’hésitez pas à m’en faire dans les commentaires).

Mais s’il faut choisir, et dans des registres très différents :
Coffeeshopshop, qui raconte sa vie personnelle avec tellement d’humour, et tellement bien…
Mon journal de Chine : c’est un blog désormais fermé, mais sa découverte, il y a deux ans, m’a donné l’idée et l’envie d’écrire ces fragments d’île. Il y a quelques semaines, son auteur Pierre Haski a lancé un site d’information, où il continue de parler de la Chine (Chinatown).
Sophil de l'eau, à l'écriture douce et précise, qui nous parle de ses enthousiasmes et de ses colères, de ses enfants et un peu du Portugal.
Enfin, plus récemment, j'ai découvert deux blogs venus de pays que je ne connais pas, et qui sont pour moi des lectures dépaysantes : Tbilissi et pas ailleurs, en Géorgie, et Nastepna Stacja, en Pologne.
Mais cette liste est injuste, allez faire un tour sur tous ceux qui sont à côté, ils me plaisent tous !

Maintenant, que la chaîne continue : que chaque nominé nomine à son tour !