11 mai 2009

prendre le bus à La Havane

Un ami me raconte un trajet matinal, il y a quelques années, dans un de ces camellos maintenant disparus : le M4 — celui, vert salade, qui faisait tout le sud de La Havane — arrive, plein comme un œuf.
Il parvient à monter de justesse, sur les escaliers de l’entrée, s'accrochant aux barres latérales. 
Devant lui, une femme, à la poitrine plus que généreuse, «violente» dit-il. Elle est en haut des marches, face à lui, ses deux enfants à ses côtés. 
Mais voilà que les portes se ferment brusquement derrière cet ami, et il se retrouve projeté le nez dans les seins de la femme, littéralement. Confus, il lève les yeux pour lui expliquer que ce n’est pas volontaire, qu'il ne l'a pas fait exprès. La femme le rassure avec indifférence : «No te preocupes, no pasa nada…» lui dit-elle («T'inquiète pas, c'est rien»). Et le trajet se passe, entre les seins imposants de cette voisine, impossible de bouger, de tourner la tête, de se dégager. Autour d'eux, les autres passagers comme des mômes, «dándome chucho», enchaînant blague sur blague, pendant plus d’une demi-heure. 
Il en rit encore.