Nous sommes jeudi soir. Depuis mercredi matin, les Vénézueliens et les Boliviens savent que leurs présidents respectifs Hugo Chavez et Evo Morales vont se rendre samedi à La Havane pour signer avec Fidel Castro un accord commercial. Les Cubains, non.
Ni le quotidien du parti communiste, ni le quotidien des jeunesses communistes, ni les six journaux télévisés, ni les deux "Mesa Redonda" qui se sont succédés depuis mercredi matin n’ont mentionné le sujet, qui n’est rien de moins qu’un mini-sommet régional.
L’annonce sera sûrement faite demain dans la journée, voire peut-être samedi, le jour même de la rencontre : il y a ici une grande tendance à réserver des effets d’annonce, à réduire l’horizon de l’information au seul lendemain.
Je me souviens il y a deux ans, un dimanche soir, au journal télévisé, le présentateur a annoncé que dès le lendemain matin, tous les magasins en devises seraient fermés jusqu’à nouvel ordre. Sans préavis, sans consultations, sans délais. Tout le monde fut pris par surprise.
Le lendemain, les magasins étaient effectivement fermés, impossible de trouver des chaussures neuves, des vêtements neufs, des jouets pour les enfants, de l'electroménager, et toutes sortes de choses qu’on ne vend que dans ces magasins en «monnaie dure».
Pendant deux semaines, aucune information n’a été donnée sur leur réouverture prochaine ou leur fermeture définitive, les rumeurs couraient, délirantes, jusqu’à un éditorial du Granma qui annonçait leur réouverture le jour même, avec une hausse de prix de l’ordre de 15%.
Un autre matin, il y a quelques mois, nous nous sommes réveillés, littéralement, avec des «travailleurs sociaux» à la place des pompistes, dans les stations-services. Une foule de jeunes gens venu de l'Oriente, vêtus des mêmes jeans et des mêmes t-shirts bleu foncé, avaient été débarqués dans chaque pompe à essence, tandis que les employés habituels étaient renvoyés chez eux.
Ce n’est qu’après plusieurs jours de silence que les médias officiels avaient expliqué qu’il s’agissait d’une mesure pour lutter contre le marché noir d’essence, devenu incontrôlable.
Un fonctionnement déroutant, comme si le but des médias cubains n'étaient pas d'informer les Cubains des décisions prises, mais plutôt de les prévenir au dernier moment, ou même un peu après.
28 avril 2006
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