Normalement, dans la plupart des pays du monde, c'est une alternative : «hay» o «no hay», «il y a» OU BIEN «il n’y a pas», telle chose existe OU n'existe pas. A Cuba, ces deux états ne sont pas contradictoires, mais complémentaires.
Vous allez dans une cafétéria ou un restaurant, vous regardez la carte, bien fournie, longue de plusieurs pages. «Hay». Il y a. Mais, en même temps, il n’y a pas, «no hay». No hay tal cosa, tal comida, tal bebida, esa tampoco, esa no… Il y a, certes, mais il n’y a pas.
Dans un village perdu de l’Oriente, en plus de la salle de vidéo il y a une autre salle de projection, inaugurée lors d’un festival de cinéma local. Deux salles pour voir des films, dans un petit village, c’est une belle chose, assurément. «Hay». On vous l’annonce, on vous le vante. Ce n’est qu’après qu’on vous précise éventuellement que bon, cette deuxième salle est tombée en panne peu après son ouverture, il y a deux ans, et n’a jamais été réparée : «no hay». Les deux concepts coexistent, sans encombres. Il y a ET il n’y a pas, en même temps.
Ce paradoxe s’étend : à Cuba, il y a plus de 60 000 médecins ; en relation avec la population, cela fait plus de médecins par habitant qu’aux Etats-Unis, répètent les médias cubains. «Hay». Mais en même temps, plus de 20 000 de ces médecins ont été envoyés en mission à l’étranger, soit un tiers de la profession : une absence qui se ressent fortement dans les dispensaires locaux, et qui se traduit pour la population en un «no hay» abrupt.
La liste est longue des exemples de ce paradoxe apparent pour les étrangers : pour les Cubains, c’est simplement une question d’habitude, une variante subtile de la réalité.
23 février 2006
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