Lu dans Granma ce matin : la une nous informe de la tenue ce soir, sur la Tribune anti-impérialiste, d’une cérémonie pour célébrer «le 111e anniversaire du début de la guerre nécessaire organisée par Martí» (c’est-à-dire le début de la seconde guerre d’indépendance). Plus loin, un autre article sur la constitution de 1976 commence par ses termes : «Au moment où les Cubains célébraient le 81e anniversaire du début de la guerre nécessaire lancée par José Marti, venait l’heure de proclamer la première constitution socialiste».
Un aspect assez frappant de la vie quotidienne, ici, c’est la folie des commémorations officielles: chaque jour ou presque renvoie à un haut fait, une date décisive, l’anniversaire de naissance ou de mort de tel héros. Le présent vécu comme une célébration permanente du passé, ce qui peut devenir parfois un rien pesant.
Ce qui est surprenant pour un étranger, c’est que ces célébrations, donc, ne correspondent pas à des chiffres ronds, 10, 35 ou 100 ans. Non, ici on fête le 31e anniversaire de je ne sais quel événement, le 87e de la mort de je ne sais quel patriote, etc.
Le même calendrier revient chaque année, accompagné des mêmes rituels : indéfiniment, le 28 septembre est le jour de la création des CDR, et l’on fait bouillir une caldosa sur le trottoir avec les voisins à la nuit tombée; chaque 28 octobre, les enfants des écoles vont au bord de la mer ou d’un fleuve, et y jettent des fleurs pour commémorer la mort de Camilo Cienfuegos, en 1959; chaque année les médias officiels voient dans le 10 octobre le jour où Céspedes a sonné les cloches dans son domaine, en 1868, marquant le signal de la première guerre d’indépendance; chaque 11 janvier, on revient longuement sur la «disparition physique» de Celia Sanchez, une révolutionnaire morte après une longue maladie en 1980…
Il y en a qui vivent de ces commémorations. Je me souviens de ce dialogue entre un fleuriste de rue et un vendeur de jus de fruits: « —Demain, c’est la fête de Maceo [patriote du XIXe siècle]» «— Mouais, tu sais, pour nous les fleuristes, ça n’apporte pas de travail ; c’est pas comme pour Camilo [Cienfuegos] : là oui, on vend plus » « —Ah oui, Maceo, c’est pas pareil… ».
Pour ceux que ça intéresse, il y a sur le site du PC cubain les éphémérides officielles que l’on retrouve dans la presse nationale jour après jour, comme des marroniers locaux.
24 février 2006
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