Lundi soir, la télévision cubaine avait installé un grand écran près du Capitole, pour pouvoir suivre en plein air la finale de base-ball. Il y avait plusieurs centaines de Cubains, dans une ambiance assez décontractée, … et deux Japonais. Je les ai vus assis sur un muret dans un coin, un peu en hauteur, et je suis allée leur parler.
Tous les deux habitent ici depuis deux ans, ils font partie des 50 Japonais qui vivent à Cuba, pour travailler ou pour étudier. Ils avaient dans l’idée de s’en aller avant la fin du match, pour ne pas être pris à partie en cas de victoire du Japon, au cas où.
L’un d’eux me racontait une anecdote amusante : à Cuba, comme en général dans toute l’Amérique latine, on appelle tous les Asiatiques «chino», chinois. C’est presque un synonyme, un mot générique -qui peut froisser certaines susceptibilités nationales.
C’était donc le cas pour lui aussi depuis son arrivée, tout le monde l’appelait «el chino», indépendamment de sa nationalité. « Et bien figure-toi que depuis deux jours, on m’appelle enfin «el japonés» ! » Ca le faisait rire.
Scotchés par le match, ils sont finalement restés jusqu’à la fin. Parfois on voyait des têtes dans le public qui se tournaient vers eux, et les regardaient avec insistance, certains les interpelaient quand Cuba marquait un point, « viste ! viste ! Cuba campión » , mais pas grand-chose de plus.
Quand le match s’est terminé, avec la victoire 10 à 5 pour le Japon, le jeune gars qui était assis à côté des Japonais s’est levé et leur a tendu la main en les félicitant, et dans les minutes qui ont suivi, plusieurs spectateurs ont fait de même.
Je suis restée épatée par le fair-play des Cubains. Il faut dire qu’ils étaient déjà tellement heureux d’être arrivés en finale, que le résultat du match importait peu, finalement.
Pour revenir sur les manifestations spontanées, Granma, le journal du Parti, a annoncé ce matin que «la population de la capitale réservera aujourd’hui un accueil joyeux et en foule à l’équipe de base ball (…)». Suivait le détail du parcours prévu, depuis l’aéroport jusqu’à la Cité des Sports, puis cette précision : «la population de la capitale est convoquée à cet accueil mérité de l’équipe».
Les Havanais, convoqués donc, se sont précipités en foule sur le chemin des joueurs, et l’on voyait partout les fameux petits drapeaux cubains en papier agités avec une vraie joie. Le seul regret, c’est que sans cette «convocation» officielle, tous ces supporters –et ils étaient nombreux- n’auraient probablement pas su quoi faire de leurs hourras.
22 mars 2006
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